Le Road Movie .Cineclub de la M.P.T. de sotteville du moid d'octobre

Publié le par cinejerome.over-blog.com

Le road- movie.
L'Odyssée peut être considérée comme le premier road-movie. Pour revenir chez lui et revoir sa bien aimée, Ulysse doit affronter de nombreuses péripéties. Ulysse n'est pas parti pour un monde meilleur ; il est parti à la guerre. C'est en revenant de guerre qu'il rencontrera des personnages extraordinaires. Ulysse est un peu comme Dorothy dans le Magicien d’Oz. Il veut rentrer chez lui. Sauf que Dorothy veut quitter son village, quitter ce monde en couleur sépia. Pour échapper à la monotonie de sa vie dans l’Arkansas. Elle traversera un monde et des personnages haut en couleur. Mais elle voudra retourner dans  son home sweet home. Ce home sweet home qui fait tant défaut à des milliers de personnes dans le contexte de crises de la Grande Dépression.  
Dans l’excellent livre Road-movie U.S.A., les auteurs Bernard Benoliel et Jean-baptiste Thoret démontrent que le Magicien d'Oz est une grande référence en matière de Road-Movie et qu'il fait partie intégrante de la culture américaine. Mais ce film représente aussi la dichotomie de la culture américaine : explorer des nouveaux espaces, un pays avec des étendues à perte de vue, aller droit devant soi, avancer ; mais qui nous dit que l'herbe n'est pas plus verte ailleurs, que la famille est le seul endroit ou l'on se sent bien ? La schizophrénie américaine dans sa splendeur.
Le road-movie est un genre particulièrement américain. Et cela tient à un personnage fondateur : « L'émigrant ». Un  personnages symbolisé par un Anglais, Charlie Chaplin.
L'Amérique a souvent représenté, pour l'émigrant, un monde meilleur où la tyrannie, la misère, l'épidémie n'existeraient plus. On disait aux enfants que les rues de New York étaient pavées d'or (« the yellow brick road »). Allemands, Irlandais, Grecs, Juifs polonais, Italiens… Ils embarquent pour des semaines à bord de bateaux à vapeur. Certains mouraient de maladie ou de fatigue. Entre 1842 et 1942, plus de 12  millions d'émigrant ont débarqué à Ellis Island. Une des plus grandes migrations de l'Histoire.
Ellis Island, « L’île des larmes », était le point d’arrivée de la terre promise. Mais aussi le point d'un nouveau départ pour s’intégrer, pour faire sa place. Pour devenir Américain. À leur arrivée, les émigrants était sélectionnés, certains étaient mis en quarantaine (comme le jeune Vito Corleone dans Le Parrain 2e partie). Et le rêve n'était pas toujours au rendez-vous : « Les dindes ne tombaient pas toute rôties dans les assiettes ; les rues n'étaient pas pavées d'or, en fait elles n'étaient pas pavées du tout (Ellis Island de Perec et Bober) ». Il y avait tout à faire ; barrages, ponts, routes, chemins de fer… Ce sont ces migrants qui construiront les routes qui iront vers l'ouest. Ces émigrants construiront l'Amérique. La route qu'emprunteront Charlie Chaplin et Colette Colbert dans les temps modernes est une des images fortes de ce road movie dont les émigrants sont la source d’inspiration.
Pour arriver à Ellis Island, la route était déjà très longue. Dans America America de Kazan, l'arrivée sur Ellis Island est à la fin du film. Ce qui intéresse Kazan, c'est la traversée  de l’Europe.
Les migrants doivent traverser contrées et pays avant de pouvoir prendre le bateau.  C'est peut-être un perpétuel recommencent que l'on voit dans les road movie. Aller au-delà des frontières, aller toujours plus loin. Ou bien est-ce pour ne pas oublier d’où l’on vient…N'oublions pas que le cinéma américain a été créé par des émigrants ou fils d’émigrants. Les frère Warner était des fils de Juifs polonais, John Ford, fils d'Irlandais, Kazan, fils de Grec, Lubitsch est né en Allemagne, comme Billy Wilder ou Douglas Sirk. La plupart sont venus aux États-Unis pour fuir la misère ou le totalitarisme
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La route est longue et interminable dans ce pays immense. Cette route 66 qui traverse le pays d'est en ouest ; en se demandant si on arrivera quelque part. Cette sensation nous l'avons à la fin des Temps Moderne de Chaplin. Ce petit bonhomme qui part avec sa compagne sans savoir où isl vont, pour échapper à leur condition ; aux inégalités. 
Ce film se passe pendant la grande dépression, qui est l'un des grands symboles du road-movie americain. Mais le symbole de la grande dépression reste Tom Joad, des Raisins de la colère de Ford, adapté du roman de Steinbeck. Évidemment, Tom Joad, c’est Henri Fonda. Ce visage candide, qui découvre, la désillusion d’une Amérique au bord de la faillite, en creusant les égalités sociales.  La fin du film de Ford est plus positive que le roman, pour des raisons à mon avis personnelle, mais aussi pour des raisons de censure. Tom Joad et sa famille, prenant la route 66 pour trouver du travail, peuvent être considérés comme une métaphore de la recherche de la terre promise, du jardin d'Éden. Comme les émigrants  en partance pour les Amériques. Ces personnages chassés de leurs terres par les banques qui veulent récupérer leurs biens fonciers, seront immortalisés, certes par John Ford et henry fonda, mais aussi par les photos de Dorothée Lange. Qui servira  de terreau aux cinéastes des années soixante-dix pour symboliser l'injustice et la révolte. 
Le Hobo sera la source d'inspiration de beaucoup de personnages de films de cette époque, il symbolisera l'homme libre.
Fuir. Le conformisme, la misère, l’injustice. Ces visages de la dépression serviront à attaquer la politique de l'Amérique de cette époque. Comme pour nous dire que la dépression est finie pour certains… mais pas pour les autres. Que la misère est toujours au coin de la rue, que certains surconsomment tandis que d'autres cherchent à survivre. Des films comme Big Mama, Nous somme tous de voleurs, Bonnie and Clyde, Honkytonk Man se passent pendant la dépression, d'autres s'en inspireront comme L'épouvantail, Sugarland Express…
Que serait le Road Movie sans le western ? « Le western ou le cinéma américain par excellence » comme disait André Bazin. La conquête de l’ouest, ces convois qui vont vers l’ouest, la constructionn du chemin de fer, la ruée vers l’or… Aller conquérir des terres inconnues, aller jusqu’au bout du monde, la Californie. Que ce soit dans la tradition La prisonnière du désert, La chevauché fantastique, La Poursuite infernale , en passant par les westerns d'Anthnny Mann avec James Stewart (L'Appat) ou de Dead Man de Jarmush, on est dans le Road Movie. On  est  dans une fuite en avant où la fin est inéluctable. Un parcours qui finira dans la solitude et la mort. C'est la fin d'un Monde. Tout  a été exploré,  il n'y a plus rien à voir. 
Le Road Movie est un genre qui est une partie intégrante du cinéma américain. Il traite avant tout du genre humain. Dans le voyage, ce n'est pas l'arrivée qui est intéressante. C'est comment on y arrive…. De la rivière rouge à Bonny Clyde, Easy Rider, ou collatéral, c'est se demander comment des êtres humains vont essayer de vivre ensemble, vont s'aimer, se détester, s’entretuer…
Jérome Lefevre
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